11, rue Visconti

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Histoire

Une maison sans désignation particulière est signalée dès 1547 sur cette parcelle située sur la censive de l'abbaye Saint-Germain-des-Prés. Elle appartenait alors au mercier Gérard Davisson, également propriétaire du 9. Elle avait été vendue à Davisson par Jean Champont. La maison était large de 5 toises (environ 10 m) et profonde de 26 (environ 51 m). La moitié de la profondeur de cette maison a été supprimée depuis. Comme souvent pour les maisons de la censive de l'abbaye, les archives sont peu généreuses, et on ne connaît bien les propriétaires qu'à partir du XIXe siècle.

L'Atlas de la Censive, voisine, de l'Université, nous indique que la maison est propriété de Jacques Cazin (ou Casin) en 1753. La famille de ce maître maçon la possède encore en 1809. Le 14 octobre de cette année là, Pierre Neveu, boulanger, s'en porte acquéreur, puis sa veuve en hérite en 1811. Elle-même décède en avril 1832. C'est Mlle Santier qui en hérite, selon les dernières volontés de la veuve Neveu. Elle vend l'immeuble en 1842 à Martin Legoux et Caroline Mairie, sa femme, qui reste dans la famille au moins jusqu'en 1898.

Façade du 11, rue Visconti, plan dressé par l'architecte
chargé de la demande de permis de construire.

L'immeuble est acquis en 1962 par la "SCI du Marais Saint-Germain" (représentée par son gérant, Mr Paul Thibault) qui souhaite valoriser son achat. Une banale demande de permis de construire déposée la première fois le 20 février 1963 nous permet de connaître l'état de l'immeuble à l'époque. Le propriétaire souhaite effectuer quelques modifications d'habitabilité, vu la vétusté du bâtiment. Par exemple, le bâtiment compte 16 logements et 2 WC, un dans la cour et un au dernier étage !

En ce qui concerne l'immeuble en entier, il est décrit comme étant "depuis de très longues années dans un état d'insalubrité et d'abandon très grave", l'immeuble étant de plus déstabilisé par la démolition du n°13 voisin. Un arrêté de péril a même été prononcé pour le bâtiment du fond de la parcelle, ordonnant des travaux confortatifs. Des étais sont ainsi posés en travers de la cour, s'adossant au mur du 9, rue Visconti. L'Architecte Voyer en Chef propose même en 1964 sa démolition plutôt que sa réhabilitation : « Il serait contraire à l'urbanisme de vouloir prolonger l'existence de locaux insalubres (...). En outre, la présence actuellement d'un étaiement de ce bâtiment déclaré en état de péril prouve que seule sa démolition est à envisager ».

La demande de permis de construire est refusée plusieurs fois, pour différentes raisons. D'une part, le numéro 11 est inclus dans un projet de réhabilitation du quartier consistant à réaliser un vaste jardin public au sein de l'îlot sud de la rue avec une annexe des Beaux-Arts (voir la page On l'a échappé belle). Une rénovation de l'immeuble aurait donc entraîné sa valorisation et donc un surcoût certain pour la Ville de Paris lorsqu'elle aurait dû le racheter. Certains locataires se prononcent contre le projet évoquant l'augmentation attendue de leur loyer et l'intention du propriétaire de supprimer les caves pour en faire un Night Club !

Vue depuis le 11, rue Visconti.

D'autres considèrent que ce projet de rénovation du 11 est purement spéculatif et ne souhaitent pas encourager ce genre de démarche.

Une dernière demande de permis de construire est déposée en février 1968 (5 ans après la première !). La SCI pèse de tout son poids pour faire passer le dossier : elle promet la destruction du bâtiment arrière pour ouvrir les jardins intérieurs, elle s'engage à conserver tel quel l'atelier d'artiste du cinquième étage et sa locataire, Mme Auerbach-Delamarre, et enfin à proposer un relogement sur place à tous ses locataires. Le réaménagement du hall d'entrée a fait disparaître la seconde boutique.



Métiers d'autrefois, 11, rue Visconti (Extraits de la page Les Métiers d'Autrefois)

1826 Houbloup - imprimeur-lithographe.
1832 Guillemard (Dlle Sophie) - artiste-peintre.
1838 Laforge - maçon.
1845 Cherrier (Prosper Adolphe Léon) - artiste-graveur.
1847 Devaux (Eugène) - artiste-peintre.
1848 Pinot (Charles-François) - artiste-peintre.
1848-49 Delaplace - fabricant de moulures.
1850-51 Delaplace - menuisier.
1849-71 Legrip - peintre-artiste.
1850-54 Séclier (F.) - tonnelier.
1855-68 Lallier - tonnelier.
1857-61 Monper aîné - rentoileur de tableaux.
1858-59 Rocton - restaurateur de tableaux.
1868-85 Mme Lefevre - teinturier-dégraisseur.
1869-80 Monet - tonnelier.
1873 Martin (A.) - graveur sur pierre.
1881-84 Pesse (E.) - tonnelier.
1882-88 Cantié - serrurier.
1886-87 Ladouzy - tapissier.
1888-89 Coutant - tapissier.
1889-91 Coquet - serrurier et 23, rue de l'Echaudé.
1892-1915 Launay - plombier.
1893-94 Lechanteur - libraire.
1912 Buzon (Frédéric-Marius) - peintre-artiste.
1913-19 Ducot (Raymond) - peintre-artiste.
1917-19 Vincent - gravure, estampes.
1947 La Blouse F. F. - tabliers.
1951-52 Le Marché Etranger - import-export.
Le 11 rue Visconti a abrité de nombreux métiers artisanaux (plombier, tonnelier, teinturier, menuisier). L'activité est plus soutenue que dans les autres immeubles de la moitié de la rue coté rue de Seine. On note également la présence de plusieurs « peintres-artistes », rares dans cette partie de la rue à cette époque.


Galerie



Porte du 11, rue Visconti.
Détail du 11, rue Visconti.
Façade du 11, rue Visconti, plan dressé par l'architecte chargé de la demande de permis de construire.
Mur pignon du 11, dégagé par la démolition du 13, rue Visconti. Cliché de 1972.
Mur pignon du 11, dégagé par la démolition du 13, rue Visconti. Cliché de 1972.
Cadastre (plan du rez-de-chaussée) levé par Philibert Vasserot au cours de la première moitié du 19e siècle.


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