La maison du 24, rue Visconti dessinée par Paul de Beauchêne en 1932.


Histoire

L'histoire du terrain de cette maison se confond avec celle du petit Pré-aux-Clercs jusqu'en 1540-43. En 1543, Pierre le Clerc qui avait acquis le Pré de l'Université signe deux sous-baux l'un pour un large terrain à Martin Frette, l'autre pour un tout petit, à Nicolas Delamarre. Rapidement, ces deux lots furent fusionnés par Thomas de Burgensis qui y fit bâtir une grande maison, la seule, à l'époque, dont l'entrée principale était rue des Marais. La propriété allait dont du coin de la rue Bonaparte jusqu'au numéro 16 inclus et était profond de la même profondeur que les parcelles actuelles du 16 au 26, rue Visconti. Elle était composée de deux corps de logis en aile, avec cour au milieu et jardin derrière.


Forme du petit Pré-aux-Clercs superposée au cadastre actuel, et les 11 lots tracés par Pierre le Clerc. Les lots orange et vert
en haut à gauche de l'image ont été fusionnés entre 1550 et 1570 pour constituer une seule et même grande propriété.


La grande propriété est connue pour avoir été habitée par Nicolas le Vauquelin des Yvetaux. En 1658, Jacques le Maçon, Sieur de la Fontaine achète la maison et la détruit. Il fait reconstruire 3 maisons. Elles seront saisies et partagées en 7 lots qui forment aujourd'hui le 17 et 19, rue Bonaparte, et les numéros 16 à 24 de la rue Visconti.

La parcelle du 24 (avec celle du 26) est achetée par Jean de Joncoux avocat au parlement qui bâti en 1667 une maison comportant un bâtiment à quatre étages, de cinq fenêtres chacun, sans profondeur, flanqué de deux ailes, celle de droite à trois étages, celles de gauche à un étage, avec, au-dessus, une terrasse de plain-pied avec le grand corps de logis. Entre les ailes, une cour ouvre sur la rue par une porte cochère. Le rez-de-chaussée de l’aile droite est une ancienne écurie, celui du bâtiment central renfermait une remise et une cuisine, celui de l’aile de gauche une écurie dépendant de l’hôtel du 19 rue Bonaparte.

La maison a été identifié avec certitude comme étant celle de Racine en 1914, avant cette date, la plupart des historiens pensaient que c'était le 21, rue Visconti, ou même le 13, voir pour cela la page consacrée à l'identification de la maison de Racine. Tout n'est pas clair cependant : là où André Hallays dit que la maison originale de Racine a été démolie, d'autres comme Paul de Beauchêne affirment au contraire que c'est bien le bâtiment actuel du 24 qui fût loué à l'écrivain. D'autres enfin pensent que la dernière demeure de Racine était la grande maison qui faisait l'angle avec la rue Bonaparte : il reste donc quelques points à éclaircir... On sait néanmoins que le rez-de-chaussée du bâtiment (du côté du 26) contient de nombreux éléments visiblement d'époque, alors que les étages sont d'aspect plus récent, sans doute du XIXe siècle.


A gauche, puits au rez-de-chaussée du 26, rue Visconti (Cliché B.E.-R.). A droite, maquette censée
représenter les appartements de Racine dans le bâtiment actuel (collection privée).


Au milieu du XXe siècle, la maison était aussi délabrée que la plupart des maisons de la rue et les appartements étaient quaisement bradés. Comme le reste de la rue Visconti, l'immeuble a été progressivement rénové à la fin du siècle dernier.


Travaux de rénovation et remplacement de la poutre maitresse en 1954 (collection privée).


Quelques locataires célèbres

Outre Racine, quelques occupants du 24, rue Visconti ont eu une certaine renommée.

Parmi eux, le peintre trompe l'oeil Jacques Poirier mais aussi le compositeur Guy-Bernard Delapierre (dont le nom professionnel était Guy Bernard), connu pour ses musiques de film et un ballet, "Algues", monté à l'Opéra de Paris. Cet "homme charmant", qui faisait des concerts chez lui, au premier étage, était aussi auteur de l'ouvrage "L'Art de la Musique", critique d'art, égyptologue.

Guy-Bernard Delapierre avait rencontré Olivier Messiaen en captivité allemande à la fin de l'année 1940 et s'étaient retrouvés à Paris début 1943. Messiaen a alors donné des cours privés de composition chez son ami, rue Visconti à partir de l'automne 1943 jusqu'en 1947. En retour, l'hôte a écrit quelques articles sur le maître au cours de l'après-guerre, dont "Souvenirs sur Olivier Messiaen" en 1945 dans le journal d'art de Lausanne "Formes et couleurs".

Galerie

Relevé de façade du 24, rue Visconti effectué en 1962.
Illustration de couverture du livre de Paul de Beauchêne en 1932.
Rue Visconti, maison de Racine. René-Jacques, 1939.
La rue Visconti en 1947 (Extrait de Petits Loyers de Léo Larguier).
La rue Visconti dans les années 1970.
Porche du 24, rue Visconti par Eugène Atget en 1910.
Porche du 24, rue Visconti par Eugène Atget en 1910.
Porche du 24, rue Visconti par Pottier en juin 1914.
Entrée du 24/26, rue Visconti par Pottier en juin 1914.
Ecuries du 24, rue Visconti par Pottier en juin 1914.
Cadastre (plan du rez-de-chaussée) levé par Philibert Vasserot au cours de la première moitié du 19e siècle.

Porte du 24, rue Visconti, aujourd'hui.

Détail du 24, rue Visconti.

Détail du 24, rue Visconti.

Carte postale du 24, rue Visconti.

Jacques Perrin en 1961, devant la porte du 24, rue Visconti.


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