Léo Férré, Saint-Germain-des-Prés J'habite à Saint-Germain-des-Prés Et chaque soir j'ai rendez-vous Avec Verlaine Ce vieux Pierrot n'a pas changé Et pour courir le guilledou Près de la Seine Souvent on est flanqué D'Apollinaire Qui s'en vient musarder Chez nos misères C'est bête, On voulait s'amuser, Mais c'est raté On était trop fauchés. Regardez-les tous ces voyous Tous ces poètes de deux sous Et les teints blême Regardez-les tous ces fauchés Qui font semblant de ne jamais Finir la s'maine Ils sont riches à crever, D'ailleurs ils crèvent Tous ces rimeurs fauchés Font bien des rêves Quand même, Ils parlent le latin Et n'ont plus faim A Saint-Germain-des-Prés. Vous qui passez rue de l'Abbaye, Rue Saint-Benoît, rue Visconti, Près de la Seine Regardez l'Monsieur qui sourit C'est Jean Racine ou Valéry Peut-êtr' Verlaine Alors vous comprendrez Gens de passage Pourquoi ces grands fauchés Font du tapage C'est bête, Il fallait y penser, Saluons-les A Saint-Germain-des-Prés.