La rue Visconti a été recouverte presqu'entièrement lors de l'inondation de 1910. L'eau apparaît sur la chaussée par la rue de Seine dans l'après-midi du 26 janvier. Elle atteint son niveau maximum le 28 au soir ; quelques mètres de chaussée sont à sec côté rue Bonaparte, mais l'extrémité de la rue côté rue de Seine est noyée sous plus d'un mètre d'eau. Le journal le Gaulois écrit alors que « le quartier Saint-Germain-des-Prés est devenu une presqu’île ». L'eau baisse dès le matin du 29 janvier et la rue Visconti est rendue à la circulation le 30. On ne signale que peu de dégâts rue Visconti, à savoir la déstabilisation 14 dû à une vidange trop rapide des caves. Les caves du 15, rue Visconti, quant à elles, ne se sont pas encore complètement vidées le 31 mars 1910. En mai 1910, la commission d'hygiène du 6e déplore encore que certaines caves n’aient pas été désinfectées, notamment celles du 3, rue Visconti, dont, par ailleurs, la loge de la concierge a été « très éprouvée par l’eau » et doit être remise à neuf sous peine de séquestre des loyers . La crue de la Seine fin janvier 1910 rue Visconti et dans la cour du 21 (collection Baptiste Essevaz-Roulet et le Monde Illustré). En haut, la rue Visconti. En bas, la cour du 21, rue Visconti le 30 janvier 1910. A droite, la famille propriétaire pose pour l'objectif : Denise Branche, Mr Dagoury et Louis Branche. Collection Baptiste Essevaz-Roulet. Pourquoi la rue a-t-elle été inondée ? La rue est non seulement située sur la rive convexe de la Seine, généralement déprimée par rapport à l'autre rive, mais en plus, elle est tracée sur un terrain plus bas que les terres environnantes. Avant qu'on ne le rehausse au XVIe siècle de 4 à 5 m pour y bâtir (voir la page sur le relief de la rue Visconti), les eaux de la Seine l'envahissaient quasiment chaque hiver. Cette zone en dépression va de la rue Bonaparte à la rue Mazarine et de l'église Saint-Germain-des-Prés à la Seine. Trois grandes crues ont notamment été répertoriées dans le quartier, la plus importante en février 1658, puis en janvier 1802 et enfin, la plus célèbre, en janvier 1910. La crue de 1802 est décrite par Victor Hugo dans les Misérables, où il écrit « La fange (...) pénétra (...) rue des Marais [ancien nom de la rue Visconti] où elle s'arrêta à une longueur de 109 mètres [soit devant l'actuel numéro 20] précisément à quelques pas de la maison qu'avait habité Racine ». Les limites de la crue de 1910 servent jusqu'à aujourd'hui à la définition de la zone inondable par débordement des eaux du fleuve. Limites des 3 grandes crues documentées. Les limites de la crue de 1910 sont sans aucun doute les plus fidèles à la réalité. Graphiques par BER d'après les données de la Direction de la Voirie. Définition des limites des zones inondables selon de fascicule édité par la Mairie du 6e arrondissement. Baptiste Essevaz-Roulet (courriel : b.essevaz-roulet@ruevisconti.com) |