Jean Courtavel, Mon Vieux Quartier, « Journal du Sixième », 1932
La rue Visconti, ligne de coeur du Paris littéraire... MC Poinsot, Le Vieux Quartier Latin, 1920 Gluante, humide, encombrée de gargottes et de garnis, riche néanmoins de quelques demeures provinciales. Frédéric-Gaël Theuriau, Aux sources des décors balzaciens, 2009 Balzac (...) part de la rue Visconti avec plus de soixante mille francs de dettes. Sombre petite rue. Aucune autre à Paris n'a plus le caractère de la malchance, des petites peines : on y trouve un peu de gaîté, d'espoir, certes, mais surtout de l'ennui mal digéré, de l'échec, de la mort. Charles Mérouvel, « Abandonnée ! », 1888 La rue Visconti n'est pas une rue. Ce nom est trop ambitieux pour elle. C'est une ruelle. Seulement elle a ses quartiers de noblesse comme une douairière du faubourg Saint-Germain. Elle est vieille. Son antiquité est inscrite sur les plâtras de ses constructions qui portent le cachet des dernières années du règne des Valois. Le numéro 19 [auj. 21] en particulier doit être plus ancien que ses voisins et représente assez exactement, malgré quelques dégradations dues aux maçons qui l'ont réparé, la demeure d'un riche bourgeois du temps de François 1er. Georges Cain, Les Pierres de Paris, La semaine d’un inondé, 1910 Un canal à Venise dans la Giudecca, un chemin d’eau à Rotterdam, telle nous paraît la rue Visconti complètement inondée. Les habitants doivent s’y servir d’une échelle pour rentrer chez eux par les fenêtres du premier étage ! Des barques circulent dans la ruelle sombre où vécurent Jean Racine, Adrienne Lecouvreur, et notre immortel Balzac. Montés sur des amas de planches, nous ne nous lassons pas de regarder cette sente étroite où le ciel vient se mirer dans l’eau. C’est sans conteste un des plus inattendus aspects de Paris inondé… Basile Pachkoff, L'enfer de la rue Visconti, 1998, poème 146 L'enfer ressemble peut-être à la rue Visconti le soir en hiver. Francis Carco, « De Montmartre au Quartier Latin », 1927, p. 139 De la rue, resserrée entre ses maisons grises dont l’une était celle de Racine et l’autre l’imprimerie très connue de Balzac, aucune rumeur ne s’élevait. Ni bruit, ni mouvement. Les voitures ne s’y engageaient, au pas lent d’un cheval, qu’à intervalles lointains et, la nuit, l’allumeur de réverbères était le seul, avec très joyeux baron Maxzen, qui donnât signe de vie. Sophie Marceau, Menteuse, 1996, p. 68 C'est une rue silencieuse, où Racine est mort. Elle est longue, étroite comme un chemin, et je ne l'ai jamais vue comme ce soir, si longue, longue d'un calme entier. C'est le printemps dans la rue des chiens. S.n., L'Etendard, dimanche 3 mai 1914 Je crois qu'on irait loin dans Paris pour rencontrer autant de souvenirs en une rue de cent cinquante mètres. François Caviglioli, Combat, mardi 30 mai 1961 la rue Visconti se souvient encore du sourire de Racine. François Caviglioli, Combat, mardi 30 mai 1961 Lorsqu'on l'aborde depuis la rue Bonaparte, le rue Visconti apparaît comme une tranchée creusée jusqu'à la rue de Seine dans une matière vivante, et hostile comme l'entrée d'une forêt. François Caviglioli, Combat, mardi 30 mai 1961 Lorsqu'on avance dans la rue Visconti, qu'on s'engage dans le corps de cette haute percée, on se sait assiégé d'un regard multiple et guidé, selon ses mérites, vers la leçon d'un trésor, ou le mépris d'une énigme. Paul Guth, Histoire de la littérature française, 1967 Rue des Marais-Saint-Germain, (...) un boyau du vieux Paris, aujourd'hui, rue Visconti. André Billy, Vie de Balzac, 1944 La rue des Marais Saint-Germain, aujourd'hui rue Visconti, est, relativement à ses dimensions, une des plus glorieuses du vieux Paris de la rive gauche. Alexandre Vialatte, Du côté de chez Gallimard, 1985 La rue Visconti est coupe-gorge où souffle l'esprit. Olivier Bailly, Le Vin de la rue Visconti, 2007 La rue Visconti est un canal bâti avec des pierres séculaires, excellentes conductrices de fantastique social. Jérôme Attal, Ma rue Visconti, 2006 Vu la perspective inouïe de la rue Visconti, je décidais d’en faire un couloir à destin. Balzac, Valentine et Valentin, 1842 La rue des Marais (...) est une horrible petite rue, rebelle à tous les embellissements accomplis par les échevins modernes. Plaquette publicitaire de vente du 23, rue Visconti, 1968 Une petite rue ombreuse et fraîche, pleine de jardins secrets et de souvenirs du vieux Paris, telle est l'ancienne rue du Marais, devenue rue Visconti depuis 1864. Gabriel Hanotaux, Folies d'Amour au XVIIIe siècle, 1911 (à propos de Adrienne Lecouvreur) Les jardins de la rue des Marais virent s'épanouir et faner la fleur exquise transplantée du vieux sol gaulois. La sombre rue Visconti abrite et cache de tels souvenirs ! Oui, c'est une rue historique ; elle écrit un roman où chaque siècle ajoute sa page... G. Lenôtre, Paris et ses fantômes, 1933 (à propos de Vauquelin des Yvetaux qui, « soucieux de vivre loin du bruit, acheta une maison rue des Marais » en 1607) C'est aujourd'hui la rue Visconti, et à considérer maintenant cet étroit boyau obscurci par deux rangées de hauts immeubles, on a peine à croire que jamais quelqu'un soit venu se fixer là pour y respirer l'air et y jouir du calme des champs. Duquesnel, dans le Petit Journal, 17 juillet 1899 Une petite rue sombre et humide, à peine connue et qui est un vrai centre historique. Guides du Routard La plus longue rue étroite de Paris. Pierre Champion, Mon Vieux Quartier, 1932 Elle est orientée de l'Ouest à l'Est (...). La lumière y pénetre seulement à travers les brumes du matin ou les flammes du soir. Mais je vois bien que la ligne droite qu'elle trace est l'axe de ma vie, et d'autre vies qui y furent mêlées. Georges Cain, dans Le Figaro du 8 mai 1906 Cette vieille rue gluante, humide, sombre et à ce point étroite que les balayeurs la « font » d'un seul coup de balai. Duquesnel, dans le Petit Journal, 17 juillet 1899 Une « petite rue » qui en a contenu « plus qu'elle n'est longue ». E. Doumergue, Bulletin Protestant, T. XLV, 1896 Ruelle obscure et glorieuse, étroite et magnifique ! Constance B., 30 septembre 2005 La rue des crottes. Duquesnel, dans le Petit Journal, 17 juillet 1899 Un Panthéon du hasard. Louis Barron, dans Revue Bleue, 23 décembre 1893 Etroite, raboteuse, obscure, humide et d'aspect suranné, la rue Visconti, ci-devant rue des Marais Saint-Germain, n'a guère, en deux siècles, changé que de nom. Marquis de Rochegude, Guide Pratique à travers le Vieux Paris, édition de 1958 Cette ruelle étroite est l'une des plus évocatrices de la rive gauche ; (...) malheureusement, les logements y sont fort vétustes et assez insalubres. (...) Le pittoresque n'est qu'une écorce de luxe qui couvre à peine beaucoup de misère. Georges Cain, dans Le Figaro du 8 mai 1906 Par les fenêtres s'entrevoient des cimes d'arbres, et derrière presque toutes ces vielles demeures mélancoliques surgissent des coins de verdure où sifflent les merles. Constance B., 30 septembre 2005 La rue Visconti ressemble à un envers, des coulisses dont il semblerait que tout se passe « de l'autre coté ». M.A. Coquerel, Bulletin Protestant, T. XX, 1866 Cette rue est si étroite, si courte, si laide, si sombre, si peu fréquentée, que j'en ai quelque honte pour elle. Un passant, 1989 Mais c'est un vrai coupe-gorge ! Pierre Champion, Mon Vieux Quartier, 1932 Une étroite venelle que les gamins franchissent d'un saut, un corridor sombre où se pressent les souvenirs, une ruelle peu accessible aux voitures, un asile pour les artisans et, les jours de pluie, un canal où la rêverie flotte comme à Venise, c'est la rue Visconti que les gens du Paris nouveau ne hantent pas. Marquis de Rochegude, Guide Pratique à travers le Vieux Paris, 1905 Presques toutes les maisons de la rue sont anciennes et curieuses... Duquesnel, dans le Petit Journal, 17 juillet 1899 Une solitude du faubourg Saint-Germain. Duquesnel, dans le Petit Journal, 17 juillet 1899 La rue Visconti (...) sorte de cloaque étroit, où le jour pénètre à peine et jamais le rayon de soleil. (...) On peut passer dix fois devant elle sans l'apercevoir, tant elle est modeste et se fait peu remarquer. Pierre Champion, Mon Vieux Quartier, 1932 Froide ruelle, noble et sordide. Georges Cain, Promenades dans Paris, 1926 Mieux peut-être que les chroniques poudreuses, les vieilles rues de Paris racontent l'histoire du Passé à ceux qui savent les interroger, et parmi les plus évocatrices il convient, croyons nous, de ranger la rue Visconti. |