Où est mort Racine ?



Introduction

Au dessus de la porte d'une ancienne blanchisserie, au 24, rue Visconti, une plaque de marbre blanc annonce laconiquement que « Ici mourut Racine le 21 avril 1699 ». Qui se douterait qu'il a fallu près d'un siècle pour être certain que c'est à cette adresse que l'écrivain a vécu les sept dernières années de sa vie ? Qui se souvient que l'on disait que Racine était mort au 13, rue Visconti ou bien au 21 où une plaque commémorative a trôné pendant près de 70 ans ?


Portrait de Jean Racine par son fils, Louis
(Album des Oeuvres de Racine publiées par Paul Mesnard en 1890, cliché BER).

Après la mort de Racine en 1699, tous les habitants de la rue des Marais (ancien nom de la rue Visconti) se souviennent bien sûr que l'homme y a vécu. Mais rapidement, s'efface des mémoires l'endroit exact où il demeura. Ce n'est que plus d'un siècle après, dans les années 1820, que l'on commence à se poser sérieusement la question : à quelle adresse de la rue des Marais Racine est-il mort ? Quelle est la maison de Racine ?



Racine est mort au 13 de la rue Visconti

Une légende venue du fond des âges ou presque, désigne sous le nom de « Vigne de Racine » les deux énormes ceps qui poussent sur la façade, coté cour, de l'ancien immeuble du 13, rue Visconti. Pourquoi Racine est-il associé à ces végétaux ? La voix populaire répond que c'est parce qu'il les a plantés de ses propres mains et donc que c'est là qu'il a habité : le 13 rue Visconti est la maison de Racine.

C'est sans doute Paul Mesnard en 1873, qui fait, pour la première fois, officiellement référence à cette maison. Il publie en effet les œuvres de Racine à partir de 1865 et en 1873 y ajoute un album dans lequel il désigne le 13, rue Visconti et y associe une gravure d'Hubert Clerget « d'après nature » représentant la maison vue depuis la cour reproduisant « l'état actuel de la maison » avec deux pieds de vigne qui montent le long de la façade (voir les autres gravures dans la page consacrée au 13, rue Visconti).


Gravure de 1873 représentant la maison du 13, rue Visconti, avec les deux ceps de vigne
(Album des Oeuvres de Racine publiées par Paul Mesnard en 1890, cliché BER).


La vigne, jusqu'alors florissante, est arrachée en 1883 par le nouveau propriétaire, Mr Rousset, pour permettre des travaux suite à des émanations de gaz. Un article des Procès Verbaux de la Commission du Vieux Paris indique plus tard que Mr Rousset est d'accord pour céder la « Vigne de Racine » au musée Carnavalet. Elle a été finalement transférée au musée de Cluny et y est morte peu de temps après.


Photographie attribuée à Nadar, antérieure à 1887, représentant la cour de maison du 13, rue Visconti, et le fameux pied de vigne
(Bibliothèque Nationale de France, image reproduite pour www.RueVisconti.com).


En 1892, le vicomte de Grouchy fait paraître l'inventaire après décès de Racine qui donne une foule de détails précis sur l'organisation de son logis. Dans un long article paru en 1893 dans la Revue Bleue, l'auteur, Louis Barron, décrit avec une délectation évidente toutes ces similitudes qui existent avec la maison du 13, ce qui prouve, selon lui, qu'il s'agit donc bien de la dernière demeure de l'écrivain.



Racine est mort au 21, rue Visconti

Pourtant, dans le même temps, d'autres désignent sans hésitation l'immeuble du 21, rue Visconti appelé hôtel de Rânes. Il semblerait que c'est l'actrice Hippolyte Clairon (1723 - 1803) qui l'évoque pour la première fois dans ses Mémoires parues en 1798. La comédienne qui vécut 18 ans dans l'hôtel à partir de 1750 environ, y écrit : « On me dit que Racine y avait demeuré quarante ans avec toute sa famille ; que c'était là qu'il avait composé ses immortels ouvrages, là qu'il était mort ; qu'ensuite la touchante Lecouvreur l'avait occupée, ornée et qu'elle y était morte aussi. Les murs seuls de cette maison doivent suffire, me disais-je, à me faire sentir la sublimité de l'auteur et me faire arriver au talent de l'actrice : c'est dans ce sanctuaire que je dois vivre et mourir ! ».


Extrait des Mémoires de l'actrice Hippolyte Clairon (1723 - 1803) parues en 1798.


C'est ensuite l'historien Girault de Saint-Fargeau qui reprend sans précaution les propos de Melle Clairon, et désigne en 1847 dans son guide de Paris, le 21, rue Visconti comme étant la maison de Racine. Il n'est pas difficile d'imaginer Racine, sa famille et ses domestiques dans la vaste demeure, la plus grande de la rue : l'hypothèse est tout à fait crédible.

En 1837, le Docteur Poumiès de la Siboutie achète l'hôtel particulier et s'intéresse de près à son histoire.


Docteur François-Louis Poumiès de la Siboutie peint par un élève de Ingres vers 1840
(collection particulière, cliché BER).


Le Docteur Poumiès est le premier à rechercher des preuves. Il découvre en particulier un extrait du registre de la paroisse de Saint-Sulpice qui indique que Racine est bien mort rue des Marais entre 3 et 4 heures du matin. Mais en 1855, il conclut ainsi ses recherches : « Les preuves certaines, positives, que Racine est mort dans cette maison manquent complètement, les maisons ne portant pas de numéro, les actes désignaient la rue, rarement la maison ».

Le docteur continue pourtant ses recherches et ses discussions. Dans ses notes manuscrites, il cite son voisin, Mr Prudhomme (il habitait au numéro 18), auteur des Révolutions de Paris, qui, dans les années 1820, lui avait « assuré de la manière la plus positive que la maison [de Racine] était bien celle qui porte le numéro 21 ». Prudhomme étant mort avant que Poumiès ne se porte acquéreur de l'hôtel de Ranes, il dit ensuite regretter de ne pas avoir demandé sur quelles preuves il se basait pour affirmer cela.

Malgré l'absence d'élément probant, le docteur se laisse petit à petit convaincre que sa maison est bien celle de Racine. L'idée d'apposer une plaque commémorative apparaît pour la première fois dans une lettre du 10 mai 1855 de M. Lock, un journaliste avec lequel il entretient une correspondance sur le sujet. C'est ainsi que le 30 janvier 1856, Poumiès de la Siboutie fait poser une plaque de marbre noir dont le texte était « Hôtel de Ranes, bâti sur l'emplacement du Petit-Pré-aux-Clercs. Jean racine y mourut le 22 avril 1699, Adrienne Lecouvreur en 1730. Il a été habité aussi par la Champméslé et Hippolyte Clairon ».


Plaque commémorative en marbre noir sous le porche de l'hôtel de Ranes, en haut à gauche de la porte d'entrée,
en 1885 à gauche et en 1914 (détail) à droite (BHVP, clichés BER).


En posant cette plaque, le docteur Poumiès convaincra beaucoup de monde, au point qu'à partir de cette époque, la plupart des commentateurs, historiens et journalistes affirmeront que Racine est mort à l'hôtel de Ranes, sans creuser la question davantage. En tant que maison de Racine, l'immeuble sera dessiné, photographié et certains auteurs iront même jusqu'à refaire vivre des personnages historiques, les imaginant dans le décor du 21, rue Visconti.


Gravure non datée montrant l'entrée du 21, rue Visconti désigné comme étant la maison de Racine
(Bibliothèque Nationale de France, image reproduite pour www.RueVisconti.com).


Dans un article de 1888, M. Pol Nicard se déclare persuadé que Racine a habité l'hôtel de Ranes « de la fin 1692 à sa mort, au 1er étage loué par lui en entier ». La même année, une délégation de la Société des Amis des Monuments Parisiens se déplace à l'hôtel de Ranes pour visiter la demeure et prend quelques clichés du bâtiment, dans un but documentaire. La Société rédige ensuite un long article dans son bulletin décrivant dans le détail la maison, présentée sans réserve, avec enthousiasme, même, comme celle de Racine.



Les deux maisons sont au coude à coude

Les deux « maisons de Racine » ont donc chacune leur partisans et leurs arguments. Certains historiens font d'ailleurs remarquer que les deux maisons sont les plus grandes de la rue et sont donc les deux seules à pouvoir avoir abriter le célèbre personnage et sa famille. Ce sont aussi les deux seules dotées d'une porte cochère et donc à même d'accueillir les chevaux et attelages mentionnés dans l'inventaire après le décès de Racine. Enfin, les mêmes historiens ou journalistes notent que d'après le plan Turgot, un grand jardin en terrasse séparait les deux immeubles, ce qui permet aux deux clans d'affirmer qu'il s'agit de la terrasse citée dans l'inventaire des biens de Racine où il est fait mention d'un cabinet « attenant à la terrasse ». On peut remarquer sur l'extrait du plan Turgot ci-dessous que ce jardin ne semble pas être en terrasse, mais de plain-pied.


Le 13, rue Visconti (en vert) et le 21 (en rouge), tous deux attenants au même jardin sur le plan Turgot de 1739.




Des voix s'élèvent pour contester l'une et l'autre des adresses

Difficile, donc, de départager les deux adresses. Pourtant, des voix s'élèvent pour contester l'une et l'autre des maisons.

Dès 1855, le Dr Poumiès écarte d'un revers de main les arguments du 13 : il s'est renseigné auprès de vignerons qui lui ont affirmé que la durée de vie d'une vigne est d'un siècle tout au plus. Celle du 13 ne peut donc en aucun cas avoir été plantée par le poète. D'autre part, la tradition désignant deux pièces du 1er étage, il les considère comme étant trop exiguës pour pouvoir abriter Racine et sa famille. Cet argument est repris en 1888 par Charles Normand qui estime que Racine n'a pu loger au 13, dans l'appartement désigné, jugé indigne d'y loger un personnage de son rang et sa famille.

A l'inverse, en 1898, un nommé Numa Raflin qui demeurait au 11 de la rue Visconti fait des pieds et des mains pour qu'on fasse disparaître la plaque commémorative scellée sur la façade de l'immeuble du 21 et qui « perpétue une erreur officielle », puisque selon lui, Racine était mort au 13. La Commission du Vieux Paris, à qui il a écrit une lettre en ce sens, ne tarde pas à démontrer que Mr Raflin ne se base, lui aussi, que sur la tradition orale et sa propre conviction.

Une note également datée de 1898 dans l'Intermédiaire des Chercheurs et Curieux affirme sans nuance que la publication du vicomte de Grouchy au sujet de l'inventaire fait à la mort de Racine démontre que l'immeuble qui porte la plaque commémorative n'est pas celui où Racine est effectivement mort. L'auteur se range du coté du 13 et accuse Mario Proth (auteur de "Le Boulevard du Crime"), qui habitait l'ancien hôtel de Ranes, d'être le véritable promoteur de cette erreur.

De son coté, le conservateur du Musée Carnavalet et des Collections Historiques de la Ville de Paris en personne -Georges Cain- ira jusqu'à affirmer en 1888 que Racine est bien mort au 21 ! En 1914 encore, Emile Le Senne écrit dans le bulletin de la Société d'Histoire et d'Architecture du VIIIe et XVIIe arrondissements que « la maison du 21 est vaste, élégante, c'est une habitation luxueuse, presque princière, élevée d'un rez-de-chaussée et de trois étages avec aile en retour et des communs » et met en opposition la maison du 13 qu'il qualifie de « demeure étroite, modeste, obscure aux appartements simples et réduits ». Il penche ainsi, lui aussi, pour l'hôtel de Ranes qu'il estime plus digne de Racine.



La véritable enquête commence alors

Ce n'est qu'au début du XXe siècle que les recherches débutent sérieusement. Entre 1903 et 1914, André Hallays mène une véritable enquête historique pleine de rebondissements.

Dans ses Flâneries à travers la France, il écrit en 1903 un article dans lequel il analyse les chances de chacun des deux immeubles. Il estime tout d'abord que le plan de la maison du 13 est très similaire à la description qui en est faite dans l'inventaire réalisé à la mort de Racine, mais l'auteur refuse de se baser sur de simples similitudes et recherches de véritables pièces à conviction.

Avec l'aide d'un archiviste de la Comédie-Française, Mr Couët, il découvre un article de l'inventaire qui lui avait précédemment échappé : « Item, une quittance signée : Mareschal, du 3 février 1699 au dit sieur Racine de 487 livres 10 s pour une demie année escheue le dernier décembre 1698 de la maison où le dit sieur Racine est décédé. »

Mareschal : voilà en toutes lettres le nom du propriétaire de la maison de Racine. Or, les propriétaires du 13 sont connus : La veuve de M. François de Fontaine en a été propriétaire jusqu'au 14 février 1636 où elle en fait don aux religieuses de la Visitation du faubourg Saint Antoine, elles-mêmes propriétaires jusqu'au 5 février 1791 où la maison est vendue comme bien national. On ne trouve pas de trace d'un quelconque Mareschal.

Or, Hallays se remémore que par ailleurs, Racine fait allusion à un certain Mareschal, dans des termes qui font penser qu'il s'agit d'un médecin. Il s'agit peut-être du célèbre chirurgien Mareschal, médecin du roi, qui habitait rue du Colombier (actuellement rue Jacob). Tout laisse à penser que Racine et lui ont pu se croiser à de nombreuses reprises : mêmes études à Port-Royal, même présence auprès du roi. Les deux hommes sont peut-être même amis. Hallays s'adresse alors à un héritier du chirurgien qui lui a consacré une biographie. A la demande de Hallays, il consulte les pièces dont il dispose et confirme que le chirurgien possédait bel et bien une maison rue des Marais, sans pouvoir préciser laquelle.

Il ne s'agit pas de la maison du 13… S'agit-il de celle du 21 ? Hallays à cette époque ne peut pas remonter la lignée des propriétaires de l'hôtel de Ranes plus haut que 1789. Il ne peut donc vérifier si Mareschal en a été ou non propriétaire avant 1700. S'appuyant sur un faisceau concordant d'indices, il conclut ainsi son article de 1903 : « il est extrêmement probable que Racine est mort dans la maison qui porte aujourd'hui le numéro 21 de la rue Visconti ».

André Hallays reprend la plume en 1913 et conclut son article sur le même doute : il penche en faveur du 21 mais émet des réserves prudentes « Encore un fois, je n'ai pas la prétention d'avoir trouvé le mot de l'énigme ; mais il me semble que la tâche est désormais rendue plus facile à ceux qui voudront continuer l'enquête ».



Une troisième adresse apparaît

En fait, dès l'année suivante, en 1914, le bibliothécaire de la ville de Paris informe Hallays de l'existence d'un plan de 1696 (Racine était donc encore en vie) de la paroisse de Saint-Sulpice de Paris ou du faubourg Saint-Germain. Or ce plan indique le nom des habitants les plus notables de la rue et le nom de « Mr Racine » y figure. La surprise est de taille car le plan ne désigne ni le 13 ni le 21, mais la maison en face de l'hôtel de Rânes, celle qui allait du milieu de la porte du 24, rue Visconti jusqu'à la rue Bonaparte.


Plan de 1696 indiquant (surligné en orange) l'endroit où vivait Racine (le nord pointe vers le bas). BHVP, cliché BER.


Ce plan n'est bien sûr pas une preuve à lui seul, mais il indique une nouvelle piste à Hallays. L'enquêteur se plonge alors dans les registres du Châtelet et découvre que cette maison a appartenu à un Monsieur Joncoux, puis à sa fille qui l'a vendu à un sieur Chastellier, lequel l'a cédée à… Mareschal, le chirurgien de Louis XIV !

Hallays considère alors que sa logique est irréfutable et qu'il a démontré preuves à l'appui où se situait la dernière demeure de Racine. Il ajoute que « Racine est mort dans une maison qui au XVIIe était située entre l'immeuble qui porte aujourd'hui le numéro 24 dans la rue Visconti et celui qui fait l'angle de la rue Bonaparte n°19. Cette maison a été démolie et est maintenant remplacée par une cour et de petite constructions modernes pour la plupart et qui dépendent du n°19 ».



Racine est-il vraiment mort au 24, rue Visconti ?

Pourtant, en 1932 dans La Maison de Racine et la rue Visconti, Paul de Beauchêne contredit André Hallays en affirmant que la maison de Racine est bien l'actuel immeuble du 24, rue Visconti. Il reprend la description donnée par l'inventaire après décès de Racine et la fait coïncider avec le bâtiment actuel. D'après Beauchêne, Racine aurait occupé les trois premiers niveaux.


Maison du 24, rue Visconti par Paul de Beauchêne.


Choisir entre Hallays et de Beauchêne nécessiterait d'avoir une connaissance parfaite de la topographie des lieux vers 1700, ce qui est difficile. Tout juste peut-on souligner que le nom de Racine sur le plan de 1696 n'est pas vraiment positionné sur l'entrée de l'actuel 24, rue Visconti, mais plutôt entre celui-ci et l'angle de la rue Bonaparte. De plus, l'analyse visuelle des lieux dans leur configuration actuelle donne l'impression que l'agencement de la terrasse et des bâtiments bas autour du mur mitoyen du 24, rue Visconti et 19, rue Bonaparte ne correspond à aucune logique architecturale : ils semblent en effet avoir été remaniés.

Par ailleurs, on retrouve sur le cadastre par îlots levé par Philibert Vasserot (tracés entre 1810 et 1836) l'agencement des parcelles de chacun des immeubles de la rue au début du XIXe siècle. En regardant de près la parcelle du 24, on s'aperçoit que l'ancienne maison était environ deux fois moins étendue sur la rue que la maison actuelle (8 m contre 16 aujourd'hui). La différence entre les deux plans, que ce soit au niveau de l'agencement des parcelles ou de leur forme, semble indiquer que les immeubles ont en effet été remaniés, sans que l'on puisse dire dans quelles proportions...




Agencement des parcelles au début du XIXe en haut et actuellement, en bas.

Si l'on suit Hallays, la maison de Racine serait donc la grande maison notée 26 sur le plan ci-dessus et surlignée en orange et qui va jusqu'à la rue Bonaparte. Il s'agit bien d'une seule et même parcelle avec deux corps de bâtiment de part et d'autre d'une vaste cour. La maison où Racine a passé les dernières années de sa vie aurait aujourd'hui le numéro 26. Comme les parcelles ont été réaménagées, la plaque est posée sur l'immeuble du 24, à l'emplacement de la maison du 26 !



Epilogue

En 1914, une photo de l'entrée du 21, rue Visconti montre que la plaque commémorative y est encore posée. Elle disparaîtra discrètement peu après, d'autant qu'une seule des quatre « célébrités » mentionnées y a en fait habité, à savoir Hippolyte Clairon, qui y loua l'aile à droite dans la cour. Le propriétaire de l'immeuble ou « l'agent immobilier » qui a présenté la maison à Mlle Clairon vers 1750, ne se doutait pas qu'en lui faisant miroiter un imaginaire passé prestigieux, il allait déclencher une telle confusion historique plus de 100 ans après !

Lorsqu'il a été démontré que Racine n'avait jamais habité au 21, Antoine Branche, le beau-fils du Dr Poumiès et propriétaire de l'immeuble, vexé de se voir ainsi voler la vedette, se disait convaincu que l'on finirait bien par remettre la plaque chez lui, car, se plaisait-il à dire, « il n'y a pas de Branche sans Racine »...

Hélas pour Mr Branche, les recherches menées aux Archives Nationales pour www.RueVisconti.com ont permis de reconstituer la lignée complète des propriétaires de l'immeuble du 21, rue Visconti, et aucun Maréchal n'y figure en effet. La présence, éphémère, de Maréchal comme propriétaire en 1699 des anciens immeubles du 26 et du 24, rue Visconti est aussi confirmée.

C'est aujourd'hui le 24, rue Visconti qui a hérité de la plaque commémorative indiquant laconiquement « Ici mourut Racine le 21 avril 1699 » sans que l'on se doute qu'il a fallu attendre plus de deux siècles et quelques générations d'historiens pour le déterminer.


La plaque commémorative, actuellement sur la façade du 24, rue Visconti.




Baptiste Essevaz-Roulet
(courriel : b.essevaz-roulet@ruevisconti.com)


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