Entrée du 22, rue Visconti avec une statue de Carlo Sarrabezolles. Cliché BER. Histoire L'histoire du terrain de cette maison se confond avec celle du petit Pré-aux-Clercs jusqu'en 1540. A cette date, Pierre le Clerc acquiert le droit d'exploiter le terrain de l'Université. A partir de 1543, celui-ci divise le terrain en 11 lots et signe en particulier deux sous-baux l'un pour un large terrain (en orange ci-dessous) à Martin Frette, l'autre pour un tout petit (en vert ci-dessous), à Nicolas Delamarre. Rapidement, ces deux lots sont fusionnés par Thomas de Burgensis qui y fait bâtir une grande maison, la seule, à l'époque, dont l'entrée principale soit rue des Marais. La propriété allait dont du coin de la rue Bonaparte jusqu'au numéro 16 de la rue Visconti inclus et était profond de la même profondeur que les parcelles actuelles du 16 au 26, rue Visconti. Elle était composée de deux corps de logis en aile, avec cour au milieu et jardin derrière. La grande propriété est connue pour avoir été habitée par Nicolas le Vauquelin des Yvetaux. Partie nord du petit Pré-aux-Clercs (cliquer pour le voir en entier) superposée au cadastre actuel, et les 11 lots tracés par Pierre le Clerc à partir de 1543. Les lots orange et vert en haut de l'image ont été fusionnés entre 1550 et 1570 pour constituer une seule et même grande propriété. La parcelle du 22 (hachurée) a été séparée du lot et bâtie en 1678. En 1658, Jacques le Maçon, Sieur de la Fontaine achète la maison et la détruit. Il fait reconstruire 3 maisons qui seront saisies par ses créanciers, démolies à leur tour, et le terrain sera partagé en 7 lots qui forment aujourd'hui le 17 et 19, rue Bonaparte, et les numéros 16 à 24 de la rue Visconti. Les 7 lots sont peu à peu vendus, et celui qui correspond aujourd'hui au 22, rue Visconti est acquis en 1672 par Pierre Sinson qui y construira en 1678 la maison actuelle. Elle passera de main en main (voir le détail plus bas) et sera notamment achetée en 1806 par Antoine Colin que ses héritiers vendront à Jean-Auguste Boutin en 1836. Les familles Boutin et Auzouy en resteront propriétaires jusqu'à la fin des années 1950. La maison, comme beaucoup dans la rue, présente un principal corps de logis sur rue est deux ailes en retour, de part et d'autre d'une cour, aujourd'hui occupée en grande partie par un petit pavillon vitré datant probablement de la fin du 19e siècle. L'entrée se fait par une porte cochère présentant une voussure en pierre de taille. La façade est composée de trois travées et deux étages carrés sur rez-de-chaussée et entresol, avec garde-corps Louis XVI. L'immeuble était dans un piteux état à la fin des années 1950 car il n'était plus entretenu depuis plusieurs années, faute d'entente entre les héritiers. Il sera entièrement rénové et les combles redressées par le nouveau propriétaire, Raymond Cazes. Cadastre du 22, rue Visconti levé par Philibert Vasserot entre 1806 et 1836. La rue Visconti et l'entrée par porte cochère sont à gauche. Lignée complète des propriétaires du 22, rue Visconti de 1540 à 1950 Réalisée grâce aux données collectées aux Archives de Paris (sommier foncier), Archives Nationales (Déclarations au Terrier, Minutier Central, Mémoire sur le petit Pré-aux-Clercs), Bibliothèque Historique de la Ville de Paris (Atlas de Censive de l'Université), "La maison de Racine et la rue Visconti" de Paul de Beauchêne, et entretien avec Mr et Mme Appert. L'histoire du terrain de cette maison se confond avec celle du petit Pré-aux-Clercs jusqu'en 1540-43 (voir l'Histoire de la rue Visconti). En 1543, Pierre le Clerc qui avait acquis le terrain de l'Université signe deux sous-baux l'un pour un large terrain à Martin Frette, le 4 octobre, l'autre pour un tout petit, à Nicolas Delamarre le 9 octobre. Alors que le terrain de Delamarre semble rester à l'état de jardins, Frette aurait construit sa maison sur le sien. Toujours est-il que "quelque peu de temps après" Thomas de Burgensis rachète les deux terrains et y fait bâtir une grande maison, la seule, à l'époque, dont l'entrée principale était rue des Marais. La propriété allait donc du coin de la rue Bonaparte jusqu'au numéro 16 inclus et était profonde de la même profondeur que les parcelles actuelles du 16 au 26, rue Visconti. Elle était composée de deux corps de logis en aile, avec cour au milieu et jardin derrière. Sa fille, Jeanne de Burgensis et veuve du sieur Jérôme de Berzeau en hérita et en fit don le 5 septembre 1576 à son fils, Jérôme de Berzeau sieur de la Marcilière. Celui-ci vendit la maison à Claude le Bret le 11 janvier 1602, qui la revendit le 28 mars 1607 à Mr Nicolas le Vauquelin, sieur des Yvetaux et de Sacy, Conseiller d'Etat. Ce dernier eut son heure de gloire pour ses frasques et, connu comme étant un médiocre poète, il fit des envieux avec sa maison retirée à la limite de la ville, tant et si bien qu'il fut surnommé le "dernier des hommes". Des Yvetaux fait don de sa maison à son neveu, Nicolas le Vauquelin de Sacy et à sa femme Marguerite Dupuys à l'occasion de leur contrat de mariage le 17 octobre 1644. Nicolas le Vauquelin de Sacy la revend le 30 décembre 1658 à Jacques le Maçon, sieur de la Fontaine, Intendant et Contrôleur Général des Gabelles de France. Celui-ci fait démolir la maison, et en fait construire trois nouvelles. Les créanciers du Mr de la Fontaine saisissent ses biens vers 1670-80 et font démolir les trois éphémères maisons et redéfinissent 7 lots à savoir le 17 et 19, rue Bonaparte, et les numéros 16 à 24 de la rue Visconti(1). Mr et Mme Joncoux achètent la parcelle correspondant à l'actuel 22, rue Visconti, et la revendent le même jour à Pierre Sinson, Maître charpentier, Bourgeois de Paris et Marie Bacquet, sa femme. Ceux-ci y feront bâtir une maison 6 ans plus tard, en 1678. A la mort de Pierre Sinson, vers 1681, la maison revient à ses deux enfants, dont Charles Sinson, Avocat en Parlement. Celui-ci la vendra le 2 septembre 1688 à Le Doux et Domillier, ses beaux-Frères(2). La maison est ensuite vendue le 1er mars 1714 à Louis Tiberge, Abbé commandataire de Saint-Sauveur d'Ardres, Supérieur du séminaire des missions étrangères rue du Bac. Sa légataire universelle vendra la maison le 9 novembre 1733 à Guillaume Morel, Marchand Bourgeois de Paris, et à sa fille, Angélique Morel veuve Juppin. Les filles d'Angélique vendront la maison en 1769 à Jean-François Chapus, Ecuyer contrôleur de la maison du roi(1)(2). Ses enfants vendront à sa mort l'immeuble à Michel-Pierre Guyot, Ecuyer, Avocat, Conseiller du roi, Commissaire enquêteur et Examinateur au Châtelet. Ses 4 enfants vendront la maison en 1806 à Antoine Colin dont un des deux fils d'Antoine, Onésime Colin, chef de division au ministère des finances, récupèrera la maison. A la mort d'Onésime en 1835, ses héritiers(3) ne pouvant s'entendre, la maison sera vendue par adjudication le 12 mars 1836 à Jean-Auguste Boutin, ancien docteur en médecine et Louis Douillard, sa femme. La propriété sera tellement émiettée(4) par la complexité des successions (certains héritiers recevant 1/24e du tout), que le bâtiment sera de moins en moins entretenu et finira par être vendu par adjudication en très mauvais état(5) à la fin des années 1950 à Raymond Cazes. (1) Archives Nationales, cote S6186 (2) Paul de Beauchêne, "La maison de Racine et la rue Visconti", date non connue. (3) Archives de Paris, Sommier Foncier (4) Archives Nationales, cote ET/XCII/1244 (5) Entretien avec Mr et Mme Appert |