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Constant Le Breton et la rue Visconti


Constant Le Breton est né le 11 mars 1895 à Saint Germain des Près (ça ne s'invente pas !) en Anjou d'une famille de mariniers de la Loire et est décédé en février 1985 au 21, rue Visconti. Ce peintre-graveur a acquis une grande renommée notamment grâce à son talent de portraitiste et au charme de ses bois gravés qui ont illustré de nombreux livres.


Autoportrait de Constant Le Breton.

Grâce à une information communiquée par Henri Jonquières, Constant Le Breton et son épouse s'installent au 21, rue Visconti dans la petite maison au fond à gauche de la cour en 1926. La famille Le Breton s'agrandit dès l'année suivante avec la naissance de leur premier enfant, « un jour où un merle chantait ». Le Breton restera rue Visconti jusqu'à sa mort cinquante-neuf ans plus tard. Cette longévité lui permettra de nouer des liens forts avec les artistes du quartier (Poirier, Sarrabezolle, Bouvier, Jonquières...).

En 1937, Constant Le Breton fait la connaissance de Derain qui viendra parfois déjeuner ou dîner au 21, rue Visconti. L'affichiste Cassandre qui s'apprêtait à quitter l'atelier du 19, rue Visconti le propose à Derain qui n'en voulut pas car, disait-il, « la rue Visconti est pleine de communistes et je ne tiens pas à avoir d'emmerdements ». Derain conseilla alors à Le Breton de le louer pour lui-même, ce qu'il fit.


« L'atelier », Constant Le Breton (collection privée, Cliché BER).
Vue de l'atelier du 19, rue Visconti, aussi occupé par Delacroix. A travers la baie vitrée, on voit le haut des 18 et 16, rue Visconti.


Pour l'anecdote, pendant l'occupation, un sculpteur allemand qui connaissait la peinture de Constant Le Breton, le contacte pour lui demander s'il était possible de visiter son atelier. Le Breton lui donne rendez-vous au 19 où le sculpteur se présente en effet, mais en uniforme de la Wehrmacht ! Le peintre, gêné, lui présente son atelier et bavardent ensemble. Puis le sculpteur propose de l'emmener près du jardin du Luxembourg où il réside pour lui présenter un buste de Goering (!) qu'il est en train de réaliser. Sans enthousiasme Le Breton accepte, et descend avec l'officier allemand. Dans la rue, il découvre avec horreur qu'une voiture allemande gardée par des soldats l'attendait. La concierge du 19 s'est précipitée au 21 pour prévenir Mme Le Breton « que les allemands venaient de rafler Monsieur » ! Inutile de dire que Le Breton a refusé d'être raccompagné.


Bois gravés de Constant Le Breton illustrant la rue Visconti et le 21, à gauche et la vue depuis une fenêtre de son atelier du 19, à droite (collections privées).




Sur le site Internet qui lui est consacré, on trouve cette biographie succincte :
Admis en apprentissage à Nantes, puis au Mans, il est reçu à l'école des Arts décoratifs mais ne peut en suivre les cours. Mobilisé en 1915, il fait la guerre aux Dardanelles et en Orient. Après l'armistice, il s'installe à Paris, se consacre à la gravure sur bois et acquiert une bonne réputation comme illustrateur de livres. Il obtient une bourse de la Fondation Blumenthal et s'impose rapidement dans la peinture. Il se lie d'amitié avec ses aînés Luce, Derain, Segonzac, ou ses contemporains Antral, Belmondo, Brayer.

Quelques bois gravés de Constant Le Breton, pleins de charme et de mystère, illustrant la collection
« Le Livre de Demain » (Arthème Fayard et Cie Editeurs) dans les années 1930.


Il s'impose comme portraitiste. On lui doit des portraits de Charles Dullin, Ingrid Bergman, Béatrice Bretty et de très nombreux autres. Il n'en néglige pas, pour autant, le paysage, la nature morte et des scènes d'intérieur. Il se dégage de cette oeuvre importante, solidement construite, peinte avec sensibilité et nuances, une belle sérénité et l'expression d'une grande joie de vivre. Les Musées parisiens possèdent un nombre important de ses oeuvres. Plusieurs de ses tableaux, en particulier les portraits qui lui ont été commandés, se trouvent dans des collections privées, en France, aux Etats-Unis, au Canada, en Grande-Bretagne, en Suisse, en Allemagne, en Grèce.


A l'initiative des Amis de Constant Le Breton,
une plaque commémorative a été placée récemment
sur la façade du 21, rue Visconti (cliché BER).


Références :

- Entrevue avec Jean-Marie Le Breton, décembre 2005.
- Site Internet consacré à Constant Le Breton : http://constant-le-breton.com.
- Biographie par son fils, Jean-Marie Le Breton : « Constant Le Breton, un peintre dans le siècle » aux éditions L'harmattan, 1999.


Couverture du livre de JM Le Breton.


Baptiste Essevaz-Roulet
(courriel : b.essevaz-roulet@ruevisconti.com)